Montrichard est située en Touraine, au croisement de l’ancienne voie romaine allant de Bourges à Tours et de l’ancienne route d’Espagne passant par Orléans, Blois, Loches et Châtellerault.
Le village d’origine est situé à l’ouest de la ville, au lieu nommé Nanteuil. On y a trouvé des débris de constructions romaines et de petits aqueducs pour les eaux de la source. Saint Martin y aurait pratiqué le baptême dans la seconde moitié du IVème siècle.
Plus tard, la période mérovingienne est attestée par la découverte d’un grand cimetière au clos Raimbault lors de l’aménagement d’un lotissement face à la gare. Il renfermait plusieurs sarcophages dont certains sont exposés au musée archéologique situé dans l’enceinte de la forteresse.
L’église Notre Dame de Nanteuil consacrée à la Vierge fut à l’origine la chapelle d’un prieuré dépendant de l’abbaye de Pontlevoy, fondée au Xème siècle. Cet édifice appartient à plusieurs époques, entre roman et gothique flamboyant, et a subi de nombreuses restaurations. Ses plus grands bienfaiteurs furent le connétable de Richemont, Arthur III de Bretagne, grand-oncle d’Anne de Bretagne et le roi Louis XI.
Sur un promontoire dominant le Cher, adossée à la forêt, les ruines de la forteresse défient les siècles.
Au XIème siècle, sur ce petit mont, se trouvait le village de Mont Reveau, ainsi appelé du nom de son chef, seigneur de petite noblesse.
En 987, Foulques III Nerra hérite de l’Anjou et de nombreuses terres enclavées dans des provinces qui ne lui appartiennent pas, dont la Touraine. Il saisit l’importance stratégique de ce petit mont situé sur les terres de son rival Eudes II, comte de Blois, fit raser les villages de Nanteuil et de Mont Reveau et édifié, entre 1005 et 1010, une grosse tour en bois protégée par une enceinte de pieux, sur la motte castrale en arrière du donjon actuel, qu’il appela Montrichard (on ignore l’origine véritable de ce nom). Une guerre s’ensuit entre Foulques et Eudes dont Foulques sort vainqueur.
C’est à cette époque que Foulques Nerra fait construire à mi-côte, au-dessous du Donjon, une chapelle dédiée à la Sainte Croix. Il y fait déposer un morceau de la vrai Croix rapporté de Terre Sainte. C’est dans cette chapelle que Louis XI choisit de marier sa fille Jeanne au futur Louis XII et sa fille ainée Anne au cadet de la maison de Bourbon, Pierre de Beaujeu. Anne sera régente de France à la mort de son père en 1483 jusqu’à la majorité de son frère Charles VIII.
Entre 1110 et 1128, le château, dont nous voyons les ruines actuellement, fut construit par Hugues 1er, seigneur d’Amboise et de Chaumont. Les murs du donjon sont épais de près de trois mètres à sa base et son sommet est à environ 67 mètres au-dessus du niveau du Cher. Il était composé d’un rez-de-chaussée qui devait servir de caves et de cachots, surmonté de trois étages. Le dernier étage était pourvu d’un chemin de ronde crénelé. Tout autour du donjon, à moins de quatre mètres, a été élevé un mur d’enceinte appelé « chemise » qui était défendu par des fossés. En contrebas, une seconde enceinte est raccordée au donjon. Au XIIIe siècle, une troisième enceinte ceinturait la ville. Les murs de l’enceinte de la ville, dont il reste des vestiges quai Jean Bart et boulevard Philippe Auguste, avaient 7 à 8 mètres de hauteur et quatre portes principales d’entrée fortifiées :
– La porte au Roi au nord, au bout de l’actuelle rue du même nom, et la porte peinte à l’ouest, au début de l’actuelle rue nationale, devant lesquelles coulaient le ruisseau de la fontaine de l’Aulne,
– La porte du Pont au sud, devant laquelle coule le Cher,
– La porte Chanvre à l’est, dont il reste un vestige entre les actuelles rue d’Effiat et rue Porte Chanvre,
Ces portes ont été démantelées aux XVIIIe et XIXe siècles.
Dans l’enceinte du donjon, Louis XI fit construire des logis royaux où séjournèrent les rois jusqu’à Louis XIII. Ils se sont effondrés en novembre 1753. Le 19 mars 1589, le roi Henri III y reçut Sully pour négocier la reconnaissance d’Henri de Navarre comme successeur au trône de France. Pierre Victor Palma Cayet, précepteur d’Henri de Navarre, était natif de Montrichard.
A l’automne de la même année, Montrichard se rangea provisoirement du côté de la Ligue (union des catholiques). Henri IV reprit la situation en main, menaça les Montrichardais d’être tous pendus s’ils recommençaient et fit araser le donjon de 12 pieds, à hauteur d’infamie.
Au XVe siècle à l’angle sud-est du donjon avait aussi été construite une tour ronde, qui a été détruite par l’artillerie française en 1940.
Le pont fut construit au XIIe siècle quand le comte d’Anjou Henri II Plantagenet était aussi roi d’Angleterre. En 1188, Philippe Auguste repris Montrichard pour le rattacher au Royaume de France après 35 ans de domination anglaise. Le pont fut remanié au fil des temps. Il perdit son caractère défensif : le châtelet dont le socle a servi de fondation à l’actuelle maison du Passeur datant du XIXe siècle. Les moulins banaux situés sur les deux arches nord du pont furent détruits pour permettre le halage des bateaux sur la rive droite du Cher lors de sa canalisation entre 1836 et 1841. Pour relier le Canal de Berry à la Loire, 16 barrages mobiles éclusés furent construits sur 60 km entre Noyers sur Cher et Saint Avertin.
Ce système mis au point par Charles Poiré évite non seulement la création d’un canal latéral pour la navigation mais permet de réguler le débit du Cher. Grâce au maintien des barrages, les plans d’eau entre deux barrages permettent aujourd’hui la pratique de sports nautiques comme c’est le cas aujourd’hui à la plage de Montrichard. Créé en 1936, le parc-plage de Montrichard est un véritable complexe sportif avec des courts de tennis, un centre aquatique, un boulodrome, un étang de pêche, …
Montrichard a conservé un patrimoine important lié à son histoire. La plus ancienne maison de la ville date du XIIe siècle, la maison du Prêche. Annexe de la commanderie du Moulin Blanc de Bourré, cette maison fut désignée pour servir de réunion aux protestants pour le baillage d’Amboise par l’édit d’Amboise, traité de paix signé le 19 mars 1563 par le roi Charles IX pour mettre fin à la guerre de religion entre catholiques et protestants.
Deux maisons à pans de bois du XVe siècle sont situées en contre bas de l’église Sainte Croix. En mars 2007, un jeune maçon a mis à jour dans celle de gauche une poterie contenant 600 pièces d’or et d’argent à l’effigie de François 1er, Louis XIII, Louis XIV. Au 1er, se trouve une cheminée avec les armoiries d’Anne de Bretagne qui aurait dormi à Montrichard en Mai 1506.
Sur la même place, construite entre 1500 et 1550, se trouve la plus remarquable des maisons à pans de bois de Montrichard, l’Ave Maria (en cours de restauration). Elle servait d’habitation aux chanoines réguliers de l’abbaye d’Aiguevives qui desservaient la chapelle du château (église Sainte Croix). Le poteau cornier évoque l’annonciation.
Une autre demeure Renaissance, la Chancellerie est actuellement propriété privée. Elle doit son nom à Philippe Hurault, petit-fils de Jacques de Beaune, comte de Cheverny et grand chancelier de France, qui en était le propriétaire au XVIe siècle.
A la veille de la Révolution, Louis Jean Marie de Bourbon, duc de Penthièvre, grand amiral de France, petit fils de Louis XIV et de Mme de Montespan, grand-père de Louis Philippe 1er, est devenu seigneur d’Amboise et de Montrichard. Il entame la construction de l’hôtel de ville à ses frais qui sera terminé après la Révolution au frais de l’Etat. Sur le fronton, figurent les armoiries de la ville, empruntées au duc de Penthièvre. « D’azur au bâton et franc-quartier de gueules à senestre, surmonté d’une couronne murale et supporté par deux ancres de marine posées en sautoir ». Le bâton symbolise la bâtardise. Dans la salle du conseil municipal se trouve son portrait qu’il a donné à la ville lors de sa visite en 1787.
Crédits photo : © Gérard Jalaudin